Titres
Paris, juin 2016.
Une fois arrivés à la galerie, on déballe les toiles, on vérifie leur état, et on commence à réfléchir à leur disposition. L’objectif est à la fois d’occuper l’espace de manière attractive, de produire un parcours qui rend compte de la diversité des techniques, tout en produisant une cohérence chromatique et graphique d’ensemble. Alors on fait des essais de plusieurs options, on accroche, on se recule, on discute du pour et du contre… Le temps passe et les arguments s’échangent entre l’artiste, la galeriste jusqu’à ce que l’équilibre parfait soit trouvé.
Ce n’est pas terminé pour autant. Une exposition ne vaut pas uniquement par les pièces exposées. Même signées, les œuvres ne sont pas tout à fait complètes sans leur cartel. Ce petit rectangle cartonné indique le nom de l’artiste, le nom de la toile, l’année de production, les matériaux de sa composition, ainsi que ses dimensions précises. On prend alors soin de positionner chaque cartel à côté du tableau correspondant. On hésite parfois, alors on relit attentivement, on compare avec la liste des œuvres, quitte à identifier une erreur de nom ou de dimensions qui nécessitera de réimprimer un autre cartel entièrement valide.
Comme la plupart des entités, qu’elles soient artistiques ou de toute autre nature (e.g. une pièce industrielle, une personne juridique), leur état est scrupuleusement documenté dans un dossier qui s’étoffe et l’accompagne tout au long de sa trajectoire. Mais le cartel, affiché juste à côté de chaque œuvre, ne sert pas uniquement à décrire l’objet que les visiteurs contemplent. C’est également sur ce petit bout de carton que des pastilles de couleur sont progressivement collées au fil de l’exposition. La description s’enrichit d’un signal supplémentaire pour les éventuels acquéreurs qui savent, en un clin d’œil, si l’œuvre est encore disponible au prix indiqué sur la liste conservée par la galeriste, ou si il va falloir surenchérir et entrer plus avant dans les méandres du marché de l’art… Avec le cartel, on passe ainsi sans accroc du titre de l’œuvre à un éventuel titre de propriété.