ISSN : 2266-6060

Tomber dans le panneau

Paris. Mai 2009.

Différents dispositifs équipent les bâtiments pour gérer les situations d’urgence. Alarme sonore et panneaux indiquant les issues de secours sont les plus fréquents. Le bruit lancinant de l’une s’accorde assez bien avec les autres qui montrent quelqu’un en train de courir. Oui, courir le plus vite possible pour se soulager les oreilles. Les panneaux sont d’ailleurs conçus pour agir ainsi. La standardisation des pictogrammes et des couleurs soutient une action fondée sur la redondance. Les figurines et les flèches dessinées en blanc sur fond vert se repèrent automatiquement d’un simple coup d’oeil. Leur répétition permet de se laisser guider jusqu’à la sortie. Pas besoin de lire, il suffit de courir.
La disposition des panneaux proposée ici suggère pourtant d’autres postures. On peut déployer des opérations critiques focalisées sur les signes : si les panneaux doivent limiter toute incertitude, ceux-ci ne sont pas cohérents, on ne sait plus dans quelle direction courir, c’est vraiment n’importe quoi. On peut aussi élargir les jugements aux spécificités de l’environnement qui offrent différentes options : courir vers la sortie la plus proche, vers celle qui est la plus éloignée du problème qui fait l’urgence dans le bâtiment, vers celle qui mène vers l’escalier de service.
La double direction invite donc à sortir de l’automatisme pour entrer dans une délibération réflexive. Au lieu de courir dans le sens de la flèche, il s’agit de prendre en considération l’ouverture proposée par l’assemblage entre les signes et l’architecture. D’une posture à l’autre, l’entité n’est cependant plus la même : coureur guidé par la réaction à des signaux, critique focalisé sur la cohérence des signes, comparateur des options proposées par l’environnement. Devinette : lequel est le plus à même de s’en sortir ?



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