Trop peu…
Rennes, août 2011.
Les ascenseurs sont souvent vécus comme des lieux spécifiques. Dans ces espaces confinés, les sensations sont aussi variées que la peur de tomber d’un coup, l’anxiété de rester coincé un long moment, ou de recevoir la visite d’une fille fantôme, ou d’éprouver une excitation sexuelle comme c’est un endroit approprié pour les fantasmes… Les films et les publicités jouent généralement de l’étroitesse d’un tel site pour souligner l’expression des émotions. Ce faisant, les ascenseurs sont progressivement devenus une pièce close qui exhibe parfaitement les sensations des humains en interactions. Ainsi, les ascenseurs en tant que lieu sont parfois élevés au rang d’un dispositif adapté aux situations expérimentales.
Les ascenseurs sont aussi des assemblages techniques particuliers dédiés au mouvement vertical : une cage en fer suspendue à un système de câbles animés par des moteurs électriques qui équilibrent la cage avec un contrepoids, relié à un écran de contrôle avec des boutons d’appel. L’expérience de transport ne consiste pas à traverser un espace pour atteindre un autre lieu, ni à contempler un paysage, comme cela peut être le cas lorsque l’on voyage en voiture ou en train. En tant que technologie urbaine fortement attachée à l’essor des immeubles, il permet plutôt de voyager d’un étage à un autre.
En appuyant sur un bouton, on est supposé être transporté dans un espace différent. Par exemple dans les ascenseurs d’hôtels, les textes et les icônes accompagnant les touches sont destinés à accéder à la réception, aux différents étages et aux chambres, au restaurant, ou à la piscine… Dans d’autres ascenseurs, certains étages ne sont accessibles que lorsqu’on tourne un clef, glisse une carte de sécurité, ou tape un code. Mais ici la plupart des choix sont de ce type : deux options sur quatre indiquent “accès interdit”. Face à ce poste de commande, les sensations et les technologies ne font qu’un. Dans un monde où l’essor de “l’open access” équivaut à la démocratie, il devient insoutenable d’être restreint à une situation booléenne (“départ des trains” ou “centre ville”), tout en sachant que d’autres options sont disponibles.
;A lire sur ce sujet : http://www.babelio.com/livres/Dubois-Le-cas-Sneijder/301115