Univers parallèles
– Paris, Février 2009 –
La gestion des situations d’urgence constitue un enjeu crucial de tout lieu public, a fortiori lorsqu’il est fermé et souterrain comme les espaces du métro, les parkings ou certaines galeries marchandes. Des inscriptions, dont les formes et les couleurs sont standardisées, équipent l’environnement de manière à nous guider pas à pas jusqu’à la sortie appropriée la plus proche. Cette porte (une de plus) offre une occasion d’y réfléchir. Comment comprendre en effet les petits écarts des inscriptions qu’elle arbore? La couleur est certes verte, mais pas exactement la même que celle habituellement utilisée. La mention “sortie de secours” est certes présente, mais sa disposition complètement à droite sur toute la hauteur de la porte ne facilite pas la lecture, ni de loin, ni de près, alors que l’aspect fonctionnel de ce genre d’écrits est généralement privilégié. Une icône représente certes une personne en action, mais elle reste énigmatique. Dans bien des lieux, les personnages sont standardisés alors qu’ici son graphisme est pour le moins original ; habituellement ils courent dans le sens de la sortie, indiquée ou non par des flèches. Sur cette porte, le personnage est-il en train de courir ? D’ouvrir la porte ? De la tenir pour le suivant ? Ou bien passe-t-il juste devant la porte fermée ? Ces décalages minuscules installent le doute sur la fonction de la porte, d’autant que le personnage semble avoir le sourire. Il ne s’agit peut-être pas vraiment d’une issue de secours au sens où nous l’entendons d’habitude face à une porte : si c’était l’entrée dérobée d’une scène de théâtre nous obligeant à basculer immédiatement dans un nouveau rôle, ou bien l’ouverture vers des horizons perceptifs insoupçonnés, voire un passage spécialement aménagé pour les voyages dans le temps. Welcome on board.