Vacances, j’oublie tout
Paris, juin 2011.
Comme Scriptopolis part en vacances, penchons-nous sur des objets prototypiques de cette période estivale : maillots de bain, chapeaux de paille ou ici parasols. Même lorsqu’ils sont produits par des marques prestigieuses, ils sont rarement pourvus d’inscriptions à moins qu’ils ne servent de supports publicitaires, comme les centaines de milliers de babioles polluant les routes du Tour de France cycliste. Cependant, la torpeur estivale et le vide politique qui lui est associé ont donné lieu à des initiatives récentes comme la caravane de l’UMP dont les tongs marquant de leur empreinte le sable des plages sont devenues célèbres. Ces objets sont saisonniers, donc leurs usages et leurs messages sont destinés à disparaître avec le retour au temps social ordinaire.
Et pourtant ce parasol est là, à Paris, en juin 2011 : Omar Bongo, parangon de la Françafrique, chantre de la « paix » et de la « démocratie », est mort depuis longtemps, et l’inscription politique est désormais vidée de son sens, sauf pour un collectionneur ou un historien. Quelles trajectoires a-t-il parcourues ? Par quelles mains est-il passé ? Qui a payé sa fabrication ? Peu nous importe désormais sa genèse, il est à disposition de qui veut se protéger du soleil. Parfois, faute de lecteurs, ce ne sont pas les écrits qui restent, mais les objets qui demeurent.
I saw one in the street in Paris once and looked them up on the Internet. Someone sold 24 of them, green, blue and yellow, with the same photo but slightly different slogans on eBay for next to nothing plus shipping, perhaps € 40 for the lot. I bought them. Gave some to friends, brought some to the office lobby as spare umbrellas. I think I may still have one or two left.