Vandalart
Paris, mars 2017.
Si les rues ont été investies par des éléments visuels et graphiques depuis des siècles, les deux dernières décennies sont caractérisées par une prolifération de peintures, d’affiches et de dessins en céramique habituellement attribués au mouvement street art. Certaines de ces manifestations graphiques prennent systématiquement place juste à côté des noms de rue. La pertinence d’un tel emplacement est au moins double. La première relève de la visibilité : tandis que les passants trouvent leur chemin en regardant les noms de rue, ils sont invités à contempler des œuvres de street art. La seconde est liée à la recherche d’une longévité maximale : à côté ou au dessus des noms de rue, ces manifestations graphiques sont moins faciles à enlever que les mêmes qui sont à hauteur d’homme.
Mais que faut-il comprendre ici ? L’enlèvement du nom de rue est-il une blague faite simultanément aux services municipaux et aux passants ? Est-il conçu comme un geste artistique, prenant explicitement le contre-pied de la plupart des street artistes contemporains ? Est-ce le résultat d’un collectionneur de signes urbains ? Ou est-ce un banal acte de vandalisme, consistant en l’unique enlèvement de la plaque ? Ces questions ont généralement cours face à une telle pratique. Mais, chacune étant potentiellement valide, pourquoi trancher à tout prix ? Le nom de la plaque dérobée appelle lui-même à la multiplicité : “rue de la petite truanderie”.