Vide
On a beaucoup insisté sur les capacités de l’écriture à faire trace, à disloquer les situations en les transportant d’un lieu à un autre, d’un moment à un autre. En ces temps de formulaires tout-puissants, ces traces écrites sont cruciales. Elles sont calibrées dans de petites cases où chaque marque compte. Incroyable moyen d’action, elles constituent l’un des sites où les collectifs et les individus sont produits simultanément.
Les cases remplies sont-elles vraiment les seules qui sont importantes dans ce processus ? Ça n’est pas si simple. Celles qui sont vides sont elles aussi essentielles. Ne pas cocher une case c’est également une forme d’action. Mais si les cases vierges et les pages blanches comptent, comment être certain qu’elles sont véritablement « vides » ? Comment s’assurer qu’elles n’ont pas été oubliées ? Ce qui voudrait dire que leur blancheur n’est pas alors exactement la même… À l’intérieur de ce manuel dédié au téléviseur que j’ai installé il y a quelques semaines chez ma belle-mère, j’ai trouvé une solution étrange à ces questions. La seule peut-être qui prouve véritablement la volonté de laisser la page blanche : la remplir.