Zoom
Biscarrosse, août 2021.
À peine arrivés et cette même sensation qui s’installe inlassablement. L’air marin et sa brise rafraichissante compensant l’ardeur du soleil, le rythme des vagues en fond musical, et cette saisie du paysage. Une immersion totale doublée d’une impression d’infini, là où l’océan et le ciel se confondent, indistinctement, où le regard n’a plus que l’horizon comme unique limite. Une redécouverte sensorielle toujours aussi captivante, à chaque nouvelle première fois.
Jusqu’à ce que notre regard sans limites rencontre cette affichette. La conversion du regard est alors instantanée. Dès que celui-ci se pose sur la « vigie », et concède à en adopter cet autre point de vue sur la plage, il passe de la contemplation du panorama à la surveillance et au contrôle, nécessitant une hauteur de vue toute entière orientée par la sécurité. Les éléments marins demeurent saisissants, mais cette fois-ci pour leur potentielle dangerosité.
L’effet de zoom est encore plus fort au moment où s’enclenche la lecture. Certes « ne pas taguer cette vigie !!! » L’évidence assénée de trois points d’exclamation interroge plus qu’elle ne convainc. Comme si l’autorisation valait pour tout le mobilier urbain alentour ? Comme si les inscriptions indésirables sur cet équipement gêneraient irrémédiablement la surveillance de la plage ? Évidemment non. Les limites en matière graphique des appels contre la pollution visuelle sont bien connues. C’est qu’ici l’interpellation relève moins de la vision que de la tournure d’esprit : en n’écrivant pas sur la vigie, on respecte « le travail des employés municipaux qui l’ont fabriqué et qui l’entretiennent ». Le regard se charge d’une responsabilité morale.
Vue multiple, vision fractale. Pour continuer d’être saisis par la beauté infinie du paysage, commençons par faire une place à la surveillance, sans en obstruer les moyens d’observation. Mmmh, ou pas !